vendredi 21 mai 2010

Etes-vous un Yes-man ? 3/3 : Un peu moins près des étoiles

1/3 : Pet detective vs The Negotiator
2/3 : Oui-Oui et la navette

L'homme qui dit non
William Ury ne serait pas du tout d'accord. Pour lui, savoir dire non est essentiel. C'est à la fois se protéger, défendre ses intérêts, mais aussi se garder du temps pour ce qui est important pour vous.

Et si nous finissons parfois par dire oui alors que nous pensons non, c'est parce que nous ne voulons pas offenser l'autre, ou que nous craignons de nuire à notre relation à long terme avec le demandeur. Dans le fond, selon Ury, nous confondons « Dois-je dire non ? » avec « Comment vais-je m'y prendre pour dire non ? ».

Et comme nous ne savons pas comment nous y prendre, nous finissons par dire oui. D'où cette idée simple : apprenons à dire non, nous hésiterons moins à le dire !

Ury propose ainsi une méthodologie simple en trois étapes distinctes :

1- Primo, affirmez votre OUI !
Exprimez vos propres intérêts, valeurs, ce en quoi vous croyez ; bref, en cherchant les sources de votre « non », vous allez découvrir vos intérêts et besoins fondamentaux, et les affirmer !
« Votre oui initial a deux objectifs fondamentaux : il affirme votre intention et il explique à l'autre pourquoi vous dites non ».

Rappelez-vous du « mémo » de Tom « Show-me-the-money » Cruise dans Jerry Maguire, de Cameron Crowe, en 1997 : star d'un cabinet d'agents de sportifs, il exprime dans une note à tous les autres salariés sa vision éthique de leur métier, façon d'exprimer son refus des pratiques de son employeur. Voilà un beau OUI ! Bon, OK, Tom-Jerry se fera virer...

2- Seconde étape : dites NON à votre interlocuteur clairement.
En s'appuyant sur le Oui de la 1ère étape, c'est déjà plus facile. Soyez ferme et poli, tout en étant respectueux de l'autre.

3- Dernière étape : proposez une solution alternative, un "OUI ?"
Il ne faut pas s'arrêter au non, et plutôt essayer d'envisager une autre option, profitable aux deux parties. Votre non passera mieux auprès de votre interlocuteur.

En l'occurrence, Will Ury pourrait dire à son client de la NASA, lors de cette réunion de crise :

"Pour nous, ce qui est le plus important, c'est avant tout la sécurité des passagers de la navette. Nous n'avons certes pas de preuve que les joints ne résisteront pas, mais nous avons identifié des incidents lors de vols précédents. Or, notre raison d'être est de contribuer à faire voler des astronautes américains, et non pas de risquer de les réduire en miettes.

Dans ces conditions, vous comprendrez que nous refusons de vous laisser procéder au lancement de la navette demain.

Bien entendu, nous comprenons les inconvénients d'un report du lancement, mais si nous nous y mettons, vos équipes et les vôtres, alors nous pourrons sans doute parvenir à ne reporter le lancement que de quelques semaines. Et ensuite, nous disposerons d'équipements parfaitement fiables, et poursuivre les lancements comme prévu. "

Un peu moins près des étoiles
Bon, vous connaissez l'histoire.
Challenger s'est désintégrée le 28 janvier 1986, au cours du décollage, après seulement 73 secondes de vol, alors qu'elle évoluait à 3200km/h. Les sept membres de l'équipage ont péri.

Une commission d'enquête à conclu à la responsabilité de la NASA et de Morton Thiokol, son fournisseur de joints, qui n'ont pas été capables d'aboutir à une décision satisfaisante avant le décollage – les vraies causes de l'accident, issues d'une enquête approfondie, sont synthétisées ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_de_la_navette_spatiale_Challenger

Alors le vainqueur de notre SDM du jour est bien... Jim Carrey !
Bien sûr, dire non, cela peut être une preuve du courage, mais refléchissez bien... votre emprunt pour cette charmante maison de ville à St Germain-en-Laye, et vos deux semaines annuelles de Club Med à Djerba avec les enfants !

Soyons honnêtes, malgré les discours, la désobéissance n'est pas la première qualité recherchée chez les managers, et dans le fond, qui pourra vous reprocher d'avoir obéi ?

Un dernier conseil : parce que savoir dire NON peut néanmoins vous être parfois utile, nous vous recommandons, plutôt que de mécontenter votre hiérarchie - remember Djerba ! - de vous entraîner … sur vos subordonnés !

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Bibliographie : Comment dire non, William Ury (Seuil, 2007), Quand les cadres se rebellent, Courpasson & Thoenig (Vuibert, 2008), Yes Man, Danny Wallace (Ebury Press, 2006), Yes Man, Peyton Reed (Warner, 2009), Pop Music (Thierry Hazard, Columbia, 1990), Photos Yes Man: © 2008 Warner Bros. Entertainment Inc.

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