Dancer in the DSK

DSK Initials

Black Swan n'est pas seulement un film - et quel film ! - c'est aussi une théorie sur l'imprévu : "un événement totalement inattendu aux répercussions importantes et difficilement prévisibles et que l'on tente de rationaliser a posteriori".

L’intéressant blogue « Résultat d’exploitation » analyse ainsi l’effet médiatique produit par l’affaire DSK à travers le syndrome décrit par Nassim Nicholas Taleb dans son ouvrage The black swan - the impact of highly improbable.

Pourquoi un cygne noir ? Parce qu'en Europe, les cygnes sont blancs : on y affirmait donc que tous les cygnes étaient blancs. Or, en Australie, les cygnes noirs, il y en a, parait-il (je n’en ai pas vu personnellement, je ne fais que rapporter cet exemple, et étant par nature indifférent a la faune aquatique (Esther Williams, a la limite, Daryl Hannah dans Splash, certes), je n’ai aucune intention de me mouiller davantage dans cette parabole ornitho).

Bref, ce n’est pas parce que c’est exceptionnel que ça ne peut pas arriver : par conséquent, DSK en agresseur sexuel bouclé dans la prison de The Rock (le film, pas le si talentueux catcheur-acteur, sots !), c’est difficile a croire, a intégrer, mais c’est possible – la preuve.

Mouais.
Aux SDM, nous nous avouons peu convaincus par la parabole et y voyons plutôt un concept tarte-a-la-crème pour concevoir de jolis slides en séminaires de gestion de crise pour Comités de Direction en goguette au Château de la Courtevue… mais à la lecture du blogue, notre imagination s’est mise à virevolter, à gauche, à droite, a faire des pointes, hop, car oui, hop, hop, c’est bien au film halluciné de Darren Aronovsky que l’affaire DSK nous fait penser.

Une nuit que j’avalais
Une poutine
Dans quelque rade montréalais
De Sainte-Catherine

Parcourant les informations

à sensations
Me vint une vision
Dans ma Molson's


Notre Scène de Manager : DSK chez SDM ?

… songez à cette vision : Strauss-Kahn en tutu sous les projecteurs, en sueur, en train de s’effondrer devant toute la planète réunie dans la salle…

Ici, nul fantasme inavoué de notre part - dans ce registre, nous avouons une légère préférence pour Miss Portman – mais plutôt une fascination pour le parallélisme de destin entre l’ex-patron du FMI (aka « Fais-Moi une Inflation ! ») et le personnage qui a valu a la belle Natalie un Oscar cette année.
Explorons donc ce parallèle qui a conduit ces deux stars… a la barre.

Notre SDM du jour revient ainsi à se demander comment le team de campagne de DSK aurait pu anticiper et prévenir la situation dans laquelle l’ex-futur candidat se retrouve aujourd’hui.

Première pour l’une, Primaires pour l’autre

D’un côté DSK, de l’autre Nina Sayers, composé par Natalie Portman.

Premier point commun : les deux personnages sont en attente d’un premier rôle - Président pour l’un, Danseuse Etoile pour l’autre - et l’opportunité leur en est enfin donnée. Tous deux reconnus comme brillants depuis longtemps, ils sont en attente d’une consécration qui tarde, et compte tenu de leur âge, il s’agit de leur dernière chance.

Pour cela, Domi comme Nina doivent aller chercher d’autres ressources pour passer ce cap : Natalie doit aller chercher son côté bad girl et passer du côté obscur de la Force – un comble, pour la princesse Amidala -, et Dominique affirmer son coté social, pour rassembler toute la gauche.

Tous deux d’ailleurs, curieusement, semblent impliqués dans des relations sexuelles un peu spéciales, et dans les deux cas la pression monte au fur et à mesure de l’approche de la Première pour l’une, et de la Primaire pour l’autre.

Au final, un même syndrome d’autodestruction, d’ultime transgression par peur de réussir, de vaincre, car une fois au sommet, que reste-t-il sinon la chute ?

L’issue proposée par le film d’Aronovsky pour son personnage augurerait mal de l’avenir de DSK… si on va du côté du côté management, qu’auraient pu anticiper les responsables de campagne de l’ex-patron du FMI ?

RPS chez DSK ?

Imaginons… pourquoi ne pas mettre en place un vrai plan de prévention des Risques Psycho-Sociaux (RPS) de votre poulain (… étalon ?).

Rappelons les grandes phases habituelles de ce type de dispositif :
1. Identifier les facteurs de risques :
Bon, là, clairement, comme l’avait parfaitement analysé l’humoriste Stéphane Guillon ici – et qui avait fait scandale à l’époque - on pourrait considérer que tout ce qui peut s’assimiler de près ou de loin a une femme constitue de facto un facteur de risque.

2. Evaluer l’impact possible de ces risques :
En toute simplicité, c’est la politique économique mondiale en 2011 et la politique française tout court pour la période 2012-2017 qui peuvent en être impactés.

3. Hiérarchiser ces impacts en termes de gravité :
Bah, soyons honnêtes pour une fois, la politique économique mondiale, plans de crise en Grèce ou au Portugal, ça nous laisse froid, non ? La dévaluation du Yuan, l’envolée du prix des matières premières, voui… mais les primaires du PS en France : bien plus intéressant…

4. Bâtir un plan d’action pour chaque risque majeur, en agissant sur les trois niveaux de la prévention :
- Tertiaire (intervenir en aval, en urgence) :
Avoir toujours sur soi le numéro de téléphone de ses avocats.
- Secondaire (agir sur les comportements, développer une culture de la prévention) : Mettre en place une formation-action pour votre client sur le thème « La femme : un être humain à part entière ».
- Primaire (agir en amont sur l’organisation même) :
Eviter les hôtels et ne faire voyager votre client qu’en camping-car (de luxe ! Avec piste d’hélicoptère et porte-gobelet Starck – ça doit exister).

You may be a lover (but you ain't no dancer)

Au final, nous avons d'un côté le pétage de plomb absolu de la danseuse interpretée par Natalie Portman, qui culmine dans un final sacrificiel, qui fait de la dernière demi-heure de Black Swan un trip halluciné..

D'un autre côté, l'ensemble de mesures préventives au risque psycho-social que peut représenter la personnalité du sieur DSK a le mérite de rationaliser la situation, même si ces propositions apparaissent bien peu spectaculaires par rapport au traitement proposé par Arenovsky dans son fil.

Mais, foin du spectaculaire, pour une fois, les SDM recommandent plutôt ce type de bête plan de prévention des risques, qui peut éviter certaines chutes médiatico-judiciaires !

Jusques en haut des cuisses
Il est en tutu
Et c'est comme un calice
A son grand c..

Agitant son bracelet électronique
Le sieur Strauss-Kahn
Prononça cette réplique:
I’m a black swan



Bibliographie: Initials BB (Serge Gainsbourg), le blogue Résultat d'exploitation , Le Cygne noir : la puissance de l'imprévisible (Nassim Nicholas Taleb, Les Belles lettres, 2008), Black Swan (Darren Arenovsky, Fox Searchlight, 2011), Black swan (Thom York, XL, 2006 - pure merveille électro-pop sur le LP The Eraser), Helter Skelter (Lennon/McCartney), Dépister les risques psychosociaux, excellent guide de l'INRS