vendredi 2 juillet 2010

George Clooney vs les rois de la fermeture-éclair : 2/3 Ma petite entreprise


Ma petite entreprise
Du côté d'In the air, nous sommes en pleine Crise acetuelle, et ça n'a plus rien à voir les Crises du passé.
Car au XXème siècle, les gammes traditionnelles de restructurations de sites industriels, souvenez-vous, c'était le bon vieux plan social vintage, avec son mix de pré-retraites, de primes d'ancienneté... rhââ, nostalgie...

Mais nous vivons une époque moderne, je vous signale, alors dans In the air, nous sommes dé dans une autre ère de gestion des licenciements, subtil mélange d'externalisation et de reclassement, d'entrepreneuriat, d’essaimage, d'outplacement, de départs volontaires….

En effet, le personnage interprété par Clooney appartient à un cabinet de conseil spécialisé dans la prise en charge de licenciements pour des entreprises. Consultant sur le terrain, il se substitue aux DRH des entreprises, et en tant que professionnel des restructurations, il assure l'ensemble des entretiens de départ, propose un ensemble de solutions d'accompagnement, marketé dans une plaquette 4-couleurs, s'il-vous-plait !

En externalisant votre gestion sociale, vous limitez les risques. Pendant les entretiens individuels, George mêle professionnalisme et empathie, sur le thème : « oui, je sais, vous avez 54 ans, pas de diplôme, occupez la même fonction ici depuis 34 ans, vous avez un crédit sur votre maison et 3 enfants encore à charge, mais, mais... et si ce licenciement était l'occasion de vous lancer enfin dans votre grande passion de toujours, la fabrication de faux puits de jardin en pneus ? »

L'ensemble a un coût – sad but true, diraient nos amis de cette autre multinationale de l'industrie lourde, Metallica - mais ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Séquestration par des syndicalistes en colère, envahissement de l'usine ? Tout sera géré par des professionnels, rassurez-vous, le DRH n'aura même pas à apporter sa brosse à dents !

(En option, nous recommandons de vendre au Comité de Direction de l'usine une journée de simulation de communication de crise, avec occupation d'usine et journaleux du Courrier Picard à la grille d'entrée : idéal pour ressouder un CODIR dans la bonne humeur - vous reprendrez bien des viennoiseries !)

Ainsi, dans notre gamme Business et Suavité, pour un PSE qui marchera comme sur des roulettes, telle est donc la solution proposée par George.

L'affaire est dans le sac

In the air est certes moderne, mais ce n'est rien à côté de ce qu'on imaginé nos deux multinationales ! Dans un style plus high-tech, pour fermer leurs sites respectifs, Delsite et Samsoney ont carrément innové !

Elles ont en effet apporté une touche de sophistication à la préparation de leurs charrettes de licenciement, en combinant confort de prise en main et mobilité extrême (en plus, avec une option qui évite d'avoir à se payer George et ses dosettes).

En septembre 2005, Samsoney, propriétaire d'une usine à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), décide de s'en séparer. La holding qui reprend le site annonce son projet de reconvertir l'usine afin de produire des panneaux photovoltaïques – noble ambition, bien in the air du temps.

Qui dit vente d'activité dit transfert des contrats de travail, dans le cadre de l'ex L122-12. Ça y est, les 190 salariés ne dépendent plus du Groupe de départ, mais de l'opaque repreneur.

Las, à peine 18 mois plus tard, l'usine est placée en liquidation judiciaire et ses salariés licenciés avec le minimum d'indemnités. Il faut dire, le projet industriel n'était pas tout à fait abouti - il prévoyait notamment de fabriquer les panneaux solaires avec les mêmes machines que celles qui produisaient les sacs...

En juillet 2009, le Procureur du Tribunal correctionnel de Paris a été jusqu'à traiter de « patrons-voyous » les repreneurs, les condamnant à des amendes et à de la prison ferme pour avoir provoqué la faillite du site – comme si c'était facile, de lancer le marché des panneaux solaires à roulettes taille cabine !

Un appel est en cours. Par ailleurs, le conseil des Prud'hommes de Lens a jugé illicite le licenciement des 190 salariés.

La fin ici : 3/3 Copycat

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