vendredi 2 juillet 2010

George Clooney vs les rois de la fermeture-éclair : 3/3 Copycat



Copycat

Preuve que c'était une vraie innovation, que cette méthode était une best practice évidente, c'est que le concurrent numéro 1 de Samsoney, Delsite, a utilisé exactement la même solution, au même moment !

Même volonté de fermer son site, en Picardie, cette fois.
Mêmes repreneurs.
Même liquidation 18 mois après.
... et même nombre de salariés sur le carreau !

Cette fois, c'est la Cour d'appel d'Amiens qui a condamné Delsite à indemniser 160 de ses anciens salariés, estimant que Delsite « a procédé au transfert illégal des contrats de travail à une société qui, dès la session, n'était plus en mesure d'en poursuivre l'exécution. » La multinationale aurait ainsi fait « l'économie d'un licenciement collectif » pour en transférer la charge sur le repreneur dont la liquidation était « inéluctable ».

Il faut dire que Delsite a un peu été pris la main dans le sac, car ce « service rendu » par les repreneurs, précise l'arrêté du 20 avril 2010, a été financé par le bagagiste, via une « subvention » de 2,2 millions d'euros discrètement versée sur des comptes anonymes au Luxembourg.

Ben oui, parce que qui va faire le boulot ? Votre repreneur, il faut bien qu'il s'y retrouve, lui qui doit peu à peu mettre le site en faillite, assurer la liquidation judiciaire de la structure, licencier les salariés avec le minimum d'indemnités... c'est du taf, tout ça, mine de rien !

Delsite a par conséquent été considéré comme seul responsable de la rupture des contrats et à été condamné à verser aux salariés de 12 à 18 mois d'indemnités, plus les AGS versées, soit quelques millions d'euros au total.

L'avocat des salariés des deux sites affirme ainsi que Delsite aurait « externalisé ses licenciements pour échapper à sa responsabilité sociale » et préférer verser plusieurs millions à des interlocuteurs douteux plutôt... qu'à ses salariés dont elle souhaitait se séparer !

Malle à partir
Bref, d'un coté, vous externalisez la gestion sociale, mais votre Groupe paie néanmoins aux salariés des indemnités ; de l'autre, vous externalisez TOUT. Y compris la gestion financière, en passant par des intermédiaires du genre qui ont plus d'un tour dans leur sac !

Et pour une fois, amis SDManiaques, c'est la réalité qui l'emporte sur la fiction !
In the air, qui semblait encore il y a quelques mois à la pointe, est complètement dépassée par l'innovation sociale imaginée conjointement par les Coca et Pepsi du bagage.

Au final, les 400 salariés des deux usines ont en 2005 dû faire leur valise dans les pires conditions, même si la justice leur accorde aujourd'hui quelques compensations.

Parce qu'un plan social mal ficelé, pour les salariés concernés, c'est en réalité exactement comme une valise mal fermée : l’assurance d’avoir mal au bas du dos pendant longtemps...


Bibliographie : In the air (Jason Reitman, USA, 2010), « Delsey a copié son concurrent Samsonite... mais pas ses bagages » (Le Monde, 14 mai 2010), Les ex-Delsey ont gagné en appel : un espoir de plus pour les ex-Samsonite (La Voix du nord, 28 avril 2010)

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