vendredi 18 juin 2010

SOX in the City 2/4 : Beau travail !


Les grosses huiles font monter la pression.
Qu'en diraient nos amis des Conversations essentielles ?

Imaginons... autour de la table, un sociologue érudit, une psy du travail déprimée, un entrepreneur social dynamique et un chercheur sciences-po compliqué dans sa tête.

Commençons avec le jeune entrepreneur social... pour lui, chacun est libre de ses choix !
Si vous ne pouvez supporter le dilemme moral entre ce en quoi vous croyez et ce qu'on vous demande de faire, eh bien c'est aussi votre problème !

Par exemple, Harry devrait peut-être choisir de se reconvertir dans le secteur public : dans sa spécialité, il y a de la demande, et il ne risquerait plus aucun problème d'éthique. En effet, les diverses organisations d'état dédiées à la sécurité (services secrets, police, armée...) sont des modèles de respect de l'individu, et ne pratiquent par exemple jamais d'écoutes illégales, c'est connu.

De son côté, le chercheur sciences-po est encore plus optimiste : on peut donner du sens à un emploi, quel qu'il soit. Prenez Pernod-Ricard, qui a su transformer une activité taylorienne de surveillance des anomalies de bouteilles sur tapis roulant en une mission plus intéressante, en permettant au salarié d'intervenir aussi en cas de problème.

D'un coup, le taux de détection d'anomalies a augmenté de plus de 50%, simplement en élargissant la marge de manœuvre du salarié.

Le chercheur suggère par conséquent à Harry de proposer à son client d'élargir sa prestation au-delà du simple espionnage, en intervenant aussi sur le volet « assassinat » qui peut s'ensuivre – ainsi, il ne restera pas au stade frustrant de l'écoute, mais il ira au bout de la logique de la mission. Eh oui, c'est bien à une quête de sens que nous sommes ici confrontés.

A cette proposition, la psy se met à hurler qu'on est là dans du post-taylorisme de base, avec cette tentation de demander aux salariés de mettre toujours plus d'eux-même dans leur travail, alors qu'on ne leur laisse pas vraiment de liberté !

Bref, s'impliquer, attention, ça peut certes être porteur de sens, mais c'est aussi se mettre en danger, en se mettant la pression soi-même, ce qui peut être la pire des souffrances, et...

… Et maintenant, un peu de musique !

J’ suis l’ poinçonneur des Lilas...
Paraît qu’ y a pas d’ sot métier
Moi j’ fais des trous dans des billets
J’ fais des trous, des p’tits trous, encor des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous...
Retour au débat : vous disiez, docteur ?

Oui, le psy estime donc qu'il faut faire attention à la responsabilisation exacerbée de chacun, qui peut être source de stress – néanmoins, elle préconise que chacun puisse poser un minimum son empreinte sur ses activités, et non pas obéir aveuglément à des règles écrites par d'autres. Sinon, il y a nécessairement souffrance, frustration !

Ainsi, dans notre SDM, la prescription du psy pourrait être : qu'Harry consulte rapidement son médecin du travail, qu'il se fasse arrêter quelques mois, et éventuellement, qu'il porte plainte pour harcèlement moral – auprès de qui, ça, on ne sait pas : de son client ? De Coppola ? - mais en tout cas, elle peut aider à monter un dossier.

La suite ici : SOX in the City 3/4 : Sign o' the Time

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