vendredi 3 décembre 2010

Cène de managers : des hommes, des Dieux et des post-it ! 2/3

Monk business


En refusant la fidélité à la réalité historique, le réalisateur de Des hommes et des Dieux aurait en effet pu imaginer une piste scénaristique différente : qu’un consultant soit envoyé sur le terrain pour aider les moines à prendre leur décision.

Une double utilité : d’une part, celui-ci serait chargé d’appliquer une méthodologie rigoureuse pour accompagner les personnages à faire leur choix, et d’autre part, cela fait appel un procédé cinématographique certes éculé mais toujours efficace, coco !

En effet, pourquoi ne pas utiliser ce bon vieux « fish out of water », ce personnage qui vient de l’extérieur et qui découvre en même temps que les spectateurs un environnement nouveau ?
Meilleur exemple du procédé : Witness, avec Harrison Ford en flic qui enquête chez la communauté amish – et non, il n’y a pas de « fish out of water » dans Et au milieu coule une rivière, sots !

En début de film, nous aurions donc notre Senior Consultant qui débarque au Monastère, avec sa panoplie complète : laptop HP, mallette Metaplan pleine de brown paper et de post-its de couleur, vidéoprojecteur et paper boards.

Pour le gag (car il faut le reconnaître, le film tel qu’il est manque un peu de ces bons gags visuels qui font tout le sel d’autres célèbres films religieux tels que Mon curé chez les nudistes, par exemple), il salit un peu ses Weston et a froissé son Smalto dans son Audi de location, mais il est fin prêt avec ses 250 slides powerpoint copiés-collés de sa dernière mission pour les Fromageries Bel – un contexte légèrement différent, certes, mais un bon slide est un bon slide, non mais !

Sa première difficulté : la planification des workshops avec les membres de la communauté : pas évident de s’insérer entre matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies, mais bon on s’adapte !

Buisson ardent ou arbre de décision ?


Tout d’abord, quelle approche doit prendre notre consultant ?

Plusieurs sont possibles :

- L’approche rationnelle, qui privilégie la description des situations à partir de données mathématiques, qui permettent de définir différents scénarios fondés sur des probabilités. On peut ainsi créer des « arbres de décision ». Problème : dans notre cas, le dilemme des personnages est assez peu quantifiable…

- L’approche psychologique porte, elle, sur le système de valeur individuel de celui qui conduit le raisonnement. Dans notre cas, il s’agit d’un groupe, où chaque individualité s’exprime bien sûr, mais qui existe bien sûr intensément en tant que collectif.

- D’où l’intérêt de l’approche psychosociologique, qui prend en compte les phénomènes de groupe : par exemple éviter les conflits entre membres, ou au contraire se positionner en fonction de la majorité ! La pensée groupale est ainsi d’une autre nature que celle de chacun des individus qui constituent le groupe : assez pertinent ici.

- Pour compléter, l’approche organisationnelle est particulièrement intéressante pour un univers aussi codifié que celui des moines, avec ces « règles » ancestrales qui constituent le ciment de leur engagement spirituel.

On voit bien dans le dilemme décrit par le film que cette dimension est essentielle : comment rester fidèle à son engagement dans la foi, à son rôle vis-à-vis des villageois, si on s’en va ?

La fin ici !

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